Qu’est-ce que taire et pourquoi se taire ? Que taisons-nous ? Quelles en sont les conséquences ? Peut-on apprendre à ne pas taire ?
Qu’est ce que taire ?
Taire, c’est garder le silence sur, ne pas parler de quelque chose. Cela implique donc qu’il y a précisément quelque chose à dire, et que ce quelque chose à dire est tu. C’est aussi cacher une émotion, un chagrin, une gêne, voire une joie..
Taire, c’est réprimer un élan, un mouvement spontané. Je peux taire ce qui me concerne directement, mais aussi une situation dont je suis témoin. La force du taire est considérable. Pour mieux taire, on peut mentir, brouiller les pistes menant à la vérité. Sur le plan familial, les « secrets de famille » sont ces drames familiaux enfermés dans une « zone interdite », chacun s’évertuant, d’une génération à l’autre, à surtout ne pas en parler. Le silence équivaut à un interdit de dire, tacitement reconduit. Ces drames (déchéances, faillites, crimes, conduites moralement réprouvées, accidents, morts brutales, trahisons, secrets de naissance, etc.) sont porteur d’une honte, car ils contreviennent à l’image idéalisée et aux valeurs dominantes de la famille. Sans paroles, les émotions liées ne sont pas digérées et restent enfouies, enkystées dans des cryptes psychiques refoulées (« c’est un fantôme »).
Que taisons-nous ?
Nous taisons nos réactions, nos colères, ce qui advient spontanément. Nous taisons nos souffrances, nos traumatismes, nos hontes. L’enfant tait les maltraitances dont il est victime. Le silence, incité par l’injonction de l’adulte, est respecté par l’enfant, et devient une zone de secret honteux. L’enfant, dont le psychisme est en construction, se sent toujours coupable de ce qui lui arrive. La parole est interdite quand l’adulte abuse de l’enfant. Celui-ci ne peut dire l’indicible. Il tait pour protéger l’image de l’adulte qui a autorité. Nous taisons à nous-mêmes notre part refoulée, inconnue. Un travail sur soi permet d’amener ce refoulé au conscient, par les mots, s’il est trop encombrant. Cependant, un non-dit demeure en nous, inatteignable.
Mais pourquoi taisons-nous ?
Nous taisons par peur : peur de la réaction de l’autre, de sa colère, de son incompréhension, de son rejet. Peur de faire du mal, de blesser, de fâcher, de créer du conflit. Peur de ne pas être aimé, de ne plus être aimé. Peur de nous affirmer. Peur d’être accusé, fautif, dérangé. Peur de ne pas maîtriser les conséquences. Nous taisons parce que nous ne nous sentons pas autorisés à dire. Nous taisons lorsque nous sommes sous l’emprise d’une autorité imposant silence. Taire est un mécanisme de protection du Moi, destiné à éviter de prendre ces risques.
Conséquences du taire
Ce que nous taisons pèse sur nous, lourdement. Ce que nous taisons nous rend malade, à la longue.
L’expression émotionnelle est la réponse du psychisme aux situations de vie. Cette expression est en fait une libération d’énergie, qui entraîne une circulation des charges psychiques. Or, si l’émotion ne circule pas, la pulsion d’expression reste enfermée à l’intérieur des circuits physiologiques en résonnance : neuronal, glandulaire, musculaire, etc. produisant tension intérieure et stress. Ce qu’on tait aux autres, on finit par le taire à soi-même. Ce qui est passé sous silence pour l’extérieur, finit par s’enfoncer dans l’inconscient et y produit une fixation psychique, conduisant alors à un blocage dans les répétitions de scénarios de vie.
Apprendre à ne plus taire
Tout vécu traumatique entraîne un temps plus ou moins long de sidération, au cours duquel aucune parole ou réaction n’émanent. Il faut se réapproprier l’instant pour commencer à parler et réapprendre à dire. Parfois il faut beaucoup de travail sur soi pour y parvenir.
La sophrologie : une aide précieuse
La séance de sophrologie, par la perception du corps, la réappropriation du calme intérieur, les images, permet au sujet de se rendre disponible à cette dimension profonde qui lui est propre et constitue sa sécurité de base.
La sophrologie permet de se connecter à ce silence en soi afin de mieux se dire. Elle aide à se connecter à la mémoire du corps par l’écoute intérieure. Elle favorise la constitution de l’espace transitionnel permettant de retrouver la confiance en la parole.
